22 Septembre 2016
Très longtemps, les autistes ont été considérés comme n'ayant pas d'empathie... or la réalité est bien plus complexe !
Le psychiatre Serge Hefez distingue 2 formes d’empathie :
Une étude suisse apporte également des précisions intéressantes.
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Les chercheurs n’ont pratiquement pas constaté de différence entre les autistes et le groupe témoin pour ce qui est de l’empathie dite « émotionnelle », celle qui fait que nous sommes bouleversés par la souffrance d’autrui. Toutefois, comparées aux autres, les personnes autistes manifestaient beaucoup moins d’empathie « cognitive » (celle qui nous incite à nous mettre à la place de l’autre) et d’empathie « sociale » (celle qui nous permet de savoir « ce qui se fait », ou non, quand on est en société). (...)
Cette conclusion a été confirmée par l’observation du cerveau des volontaires à l’aide de l’imagerie cérébrale. (...)
Cela indique que « les autistes ressentent eux aussi la douleur des autres, mais ils n’arrivent pas à comprendre cette émotion, explique la chercheuse. En outre, ils sont hypersensibles et ne parviennent pas à réguler leurs propres réactions émotives. Donc, ils se protègent ».
Etonnement, le cerveau des médecins réagit de la même manière, comme l’avait révélé une tout autre étude. Ces professionnels de la santé, qui côtoient quotidiennement la douleur de leurs patients, utilisent la même stratégie cérébrale pour contrôler leurs émotions. Et pour se préserver.
L’étude lausannoise jette donc un nouvel éclairage sur l’autisme. Les personnes atteintes de ce trouble ne sont pas insensibles à la douleur de leur entourage, bien au contraire. Mais elles se blindent pour se prémunir d’une émotion qui, sinon, viendrait les submerger. C’est sans doute pour cette raison qu’elles ne se comportent pas comme on le fait généralement lorsqu’on est en présence de quelqu’un qui souffre.
Dans son livre « Musique autiste », Antoine Ouellette, autiste Asperger, fait cette remarque très pertinente (p 149) :
« Il est d’usage de donner au mot « empathie » une connotation positive. Or, à proprement parler, l’empathie est neutre : elle n’implique pas en soi le respect de l’autre ou le fait de considérer ses besoins. Ce n’est pas la compassion, sentiment qui rend sensible aux souffrances d’autrui et inspire des gestes concrets visant à les soulager. Une personne peut être très empathique sans pour autant être compatissante. »
A la page précédente, il notait également :
Uta Frith écrit : « On observe couramment, chez les enfants autistiques, une excellente aptitude à manipuler les objets, qui contraste souvent avec leur piètre aptitude à manipuler les personnes. » Au moins, cette auteure parle franc. Pour se faire une belle place dans le monde neurotypique, maîtriser l’art de la manipulation de l’autre serait donc un atout. En l’absence de ce « talent », il n’est pas surprenant que nous, autistes, ressentions tant d’anxiété à vivre dans un tel monde, et que nous peinions tant à y trouver notre juste place. »
Un autre article à ce sujet : www.espritsciencemetaphysiques.com/theorie-syndrome-d-asperger-empathie.html
Une théorie reconnaît que les personnes atteintes du syndrome d’Asperger ne manquent pas d’empathie – en réalité ils en ont trop -