De la CNv à l'envers ?

27/12/2018 19:34

Il y a peu, j'ai pensé que je faisais de la Communication Nonviolente (CNv) à l’envers, en utilisant la CNv pour identifier mes besoins, pour ensuite les satisfaire par moi-même... (et seulement si je n’y arrive pas par moi-même faire une demande à quelqu'un d'autre).

Le petit souci est que si l’autre est mon plan B, je vais mal prendre son refus à ma demande...

Puis j'ai réalisé que finalement non, je fais la CNv d'une manière tout à fait judicieuse à mes yeux :

1. identifier mes besoins

2. voir comment je peux le satisfaire par moi-même
(ne serait-ce qu’en imagination comme nous l'avons fait lors du stage sur la colère, ce qui nous apporte de la Détente et nous ouvre à d’autres possibilités qu’on ne pouvait pas voir avant !)

3. puis si j’ai envie, utiliser l’inspiration apportée par la détente pour aller faire une demande à un autre humain

4. et s’il refuse, retourner à ma détente pour trouver d’autres idées/d’autres personnes à qui demander ! (donc ajouter un plan C)

Car au fond c’est ce que nous sommes invités à faire concernant l’empathie (d’abord je fais de l'auto-empathie, je me donne de l'empathie... puis seulement je vais vers l'autre - pour lui exprimer ce que je vis ou lui faire une demande).

Je remarque qu'il y a souvent un malentendu dans la manière dont est présentée la CNv : en la découvrant, beaucoup de personnes (dont je fais partie) pensent que les jugements que nous avons spontanément sont à bannir, car source des problèmes, des conflits, des rancœurs... mais il n'en est rien !
(les jugements seraient le noir, et la CNv serait le blanc... un peu comme 2 mondes opposés n'ayant rien à voir l'un avec l'autre)

En fait, en rejetant nos jugements (notre « chacal »), nous nous coupons de nous-mêmes et de nos ressentis... ce qui est une violence envers nous-même !

Ce qui est destructeur est de nous arrêter à nos jugements, de les voir comme des vérités, et non comme une étape, un signal, un voyant qui veut nous informer de ce qui se passe en nous, de nos besoins insatisfaits à cet instant.

L'éducation que j'ai reçue, le milieu dans lequel j'ai grandi, parmi tous ces adultes (ceux de ma famille, mais aussi les personnes chargées de mon éducation tels que les enseignants...) m'ont appris à rejeter les parts de moi qui ne correspondent pas à ce qui est bien vu par la société (et que j'ai intériorisé, donc à rejeter ce qui ne correspond pas à ce que je veux être).

Rejeter c'est de la violence... et surtout c'est une lutte éternelle contre moi-même, car ce n'est ni la manière la plus efficace, ni la plus agréable d'évoluer vers qui j'ai vraiment envie d'Être.

Et si ma façon de fonctionner est de rejeter les parts de moi qui ne me conviennent pas, alors j'en fais autant avec les autres... je les juge, je les rejette... ce qui ne peut conduire qu'à la violence (verbale, physique...).

La paix commence à l'intérieur de moi, en accueillant ces parts de moi qui agissent ou pensent d'une manière qui ne me plaît pas, mais elles ont leurs raisons, sont liées à mon histoire, ne sont pas là pour rien, pour m'embêter, me pourrir la vie... elles ont besoin d'être écoutées sans m'arrêter à leurs jugements, mais en écoutant aussi les beaux besoins enfouis derrière ces jugements...
Reconnaître mes limites et les accueillir (car oui nous en avons, même si j'entends souvent des incitations à les dépasser... quelle drôle d'idée ! Les repousser pourquoi pas, mais en douceur, car mon travail sur moi-même me permet plus de souplesse, et non vouloir les franchir en force au risque de me blesser - comme une déchirure musculaire lorsque nous ne respectons pas les limites de notre corps).

En devenant capable d'accueillir mes différentes parts (qui ont leurs raisons d'être) et d'écouter leurs besoins, j'installe la Paix à l'intérieur de moi, et je deviendrai peu à peu capable de porter ce même regard accueillant sur les personnes autour de moi qui agissent d'une manière qui ne me convient pas...